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9 mars
Journée Nationale de l’Audition
Cannes de collection – Daniel Traube
PASSION & COLLECTION … mes intérêts vont de la canne à système à la canne d'art populaire, en passant par la canne décorative, rare et précieuse … même un simple bâton, choisi pour sa forme particulière, épurée ou biscornue, par un promeneur d'autrefois, est capable d'éveiller ma passion.
Vers 1930/35, Alfred Mintus, inventeur allemand, avait conçu une « canne-radio » de sorte qu’un piéton puisse écouter une émission radiophonique.
Extérieurement, la canne est classique mais elle dissimule un mini récepteur et des batteries. L’usager plantait sa canne et ajustait une paire d’écouteur comme nous le montre la photo. Alfred Mintus avait prévu de perfectionner son invention pour permettre au promeneur de ne pas interrompre sa promenade tout en écoutant la radio. Aujourd’hui, nous ignorons si cette amélioration a eu lieu … je n’ai jamais eu l’occasion de dénicher l’un de ces modèles.
Remarque : Il est possible que le modèle pour écouter « Europe 1 » (en bas à droite) n’ait jamais existé sous la forme de canne ! En effet, je n’ai jamais trouvé la moindre trace de brevet ou de modèle déposé/enregistré ®. Par contre, on retrouve ce type d’écouteur/émetteur fixé à des sièges de salles d’attente, dans divers transports ou autres et servaient à faire la promotion d’une firme bien précise, en l’occurrence … Europe 1.
Bonne chasse !
Cette canne rare du début du XIXème siècle est aussi un porte-documents. L’assemblage parfait des divers éléments ne permet pas d’imaginer la présence de cette cache.
Elle est en ébène ou en bois exotique laqué, tourné et creusé sur toute sa longueur. Le pommeau et l’embout sont en ivoire. Sa facture et en particulier ses pas de vis permettent de la dater du 1er tiers du XIXè siècle. Certains modèles possédaient une tringle mécanique qui permettait d’enrouler des documents avant de les faire disparaître dans le corps de la canne.
Les rares exemplaires que j’ai pu examiner sont tous de la même période (Entre 1775 et 1820) … ils sont tous de belle qualité mais toujours classiques, sans excès d’ornements, pour ne pas attirer l’attention.
Je vous ferai découvrir un exemplaire mécanique dès que possible.
A bientôt !
Cette canne se trouve dans les collections du « Metropolitan Museum of Art ». Ce legs d’Adélaïde Milton de Groot en 1967 est enregistré sous le N° 67.187.45a, b
Cette forte canne (4 à 5 cm. d’épaisseur) est monoxyle et sa hauteur est de 92,7 cm.
Le Musée la date vers 1888-1890 mais ne donne aucun renseignement précis quant à son origine. Ils estiment que Gauguin avait apprécié la qualité sauvage et primitive de la Bretagne durant plusieurs voyages effectués entre 1886 et 1894.
Cette perception, disent-ils, serait représentée dans la sculpture de ce bâton. (?!).
A l’arrière de la tête, on découvre une chaussure … mieux, un sabot dont la semelle s’ouvre par un clapet coulissant. J’ajouterai que ce type de compartiment discret est souvent une réserve de tabac à priser.
Après Ulrich Amann, voici une autre canne-clarinette exceptionnelle. Celle-ci fut fabriquée par Joseph Carl Anton FELCHLIN (« Charles »)(1801-1855) installé à Berne (CH).
Hors de Suisse, son pays natal, il est plus connu sous le nom de Charles Felchlin. Parfois, vous trouverez son nom écrit « Felklin » ou « Fâlchlin ».
Voici sa marque.
Son oncle, Georg Caspar FELCHLIN, né à Arth en Suisse le 23 avril 1773 est le fondateur de cette famille de facteurs d’instruments. Il quitte sa ville natale vers 1795 pour s’installer à Strasbourg durant 8 à 10 ans mais sera de retour à Berne vers 1810, où il sera rejoint par son neveu Charles FELCHLIN.
Voici sa marque.
Si vous désirez plus de renseignements, je vous conseille de suivre ce lien : facteurs et marchands de musique.
Revenons à Charles Felchlin et découvrons cette canne exceptionnelle !
Cette « canne-clarinette », signée Ulrich Amann (1760-1842), est en parfait état. Elle est de la fin du XVIIIème ou début XIXème siècle. Le luthier a construit cet instrument avec du buis et lui a donné un aspect naturel.
Tous les éléments qui composent la clarinette … clefs, systèmes de tringles, pavillon (latéral), …, tous ont pris la forme de nodosités, de ramilles, … celles d’une branche.
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15 octobre
Journée Internationale de la Canne Blanche
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Le bâton fut très tôt un instrument à usage multiple, peut-être le premier inventé, et devient rapidement le symbole même de la condition de l’homme. Dès lors, il va le perfectionner tant sur le plan technique, que sur le plan artistique.
Curieusement, au cours d’une aussi longue et aussi riche évolution, personne ne pense à créer la canne blanche.
Au début du XXème siècle, la canne, jusqu’ici indispensable, est de plus en plus boudée, surtout après la première guerre mondiale. C’est alors que la « canne blanche » apparait. Deux versions de son histoire prétendent nous donner son origine. La première attribue son invention à James Briggs, un artiste britannique qui, ayant perdu la vue en 1921, utilisa une canne blanche pour indiquer aux passants qu’il était aveugle. C’est possible … mais la seconde version me semble plus plausible car; un événement va faire naître une idée toute simple qui sera étayée par une habile campagne de presse et de nombreux contacts auprès des autorités qui vont s’intéresser à cette nouvelle idée.
Un jour de décembre 1930, Mademoiselle Guilly d’Herbemont aide deux aveugles à traverser un boulevard à Paris, quand un véhicule faillit les renverser. L’idée de cette Dame fut de peindre la canne des malvoyants en blanc et de créer ainsi un signe distinctif facilement reconnaissable. Les plus difficiles à convaincre sont les aveugles eux-mêmes qui voyaient en ce nouvel attribut, un signe de discrimination rappelant le moyen-âge et ses lépreux agitant crécelles et clochettes.
Dès 1931, la canne blanche fut diffusée massivement ; elle est depuis, reconnue internationalement. Dans le cadre de son action, Mademoiselle d’Herbemont fit fabriquer, sur ses fonds propres, 5000 cannes blanches qui furent distribuées gratuitement.
Depuis, le malvoyant peut choisir entre la canne blanche classique, celle qui est pliable et aussi une canne blanche télescopique. Ce n’est qu’après la 2ème guerre mondiale que le Docteur Richard Hoover développa la longue canne blanche et sa méthode de déplacement qui porte son nom. Elle permet de détecter plus rapidement les obstacles dans l’environnement.
Aujourd’hui, on a mis au point plusieurs cannes électroniques qui évoluent d’année en année.
La canne blanche émerge donc tardivement, utilitaire et protectrice, laissant ses sœurs splendides et raffinées dans les musées et les collections. Elle restera une invention miraculeuse augmentant radicalement la qualité de vie de ses utilisateurs en leur donnant une forme de liberté et plus d’autonomie.
Quant à Mademoiselle d’Herbemont, elle est devenue aveugle et nous a quitté en 1980 à l’âge de 91 ans.
Extrait ©[DT/ 1991-HC102-Hist./C&B.]
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